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Les conséquences psychologiques d’une fausse couche
Bien que la fausse couche soit un phénomène relativement fréquent, bien que généralement, le corps médical se montre rassurant et optimiste sur la capacité physique pour la majorité de ces femmes à devenir mère, il n en demeure pas moins que pour ces femmes ceci a toujours des conséquences psychologiques d une intensité variables et sur une période variable d une femme à l’ Autre.
Il ne faut pas oublier que la souffrance psychique suite à une fausse couche est aussi présente chez l ‘ homme qui lui aussi ne deviendra pas père .
L ‘ homme est aussi douloureusement marqué psychiquement par la perte de ce bébé qu’ il n ‘ aura pas.
Devoir vivre une fausse couche est toujours un choc émotionnel violent.
Dans certains cas , on peut même parler de traumatisme.
Au delà de la douleur physique qu ‘ engendre une fausse couche , la douleur psychique dure plus longtemps.
Dès l ‘ annonce d ‘ une grossesse, la femme pense , imagine , fantasme un bébé.
Pour la femme , pour l ‘ homme , l ‘ annonce d ‘ une grossesse veut dire qu’ ils vont devenir parent .
La plupart des femmes qui m ‘ ont parlé en thérapie de leur fausse couche , ont evoqué en plus de la souffrance psychique de perdre leur bébé, d ‘ un sentiment de solitude face à un ressenti d ‘ incompréhension comparé à la puissance de leur peine .
C ‘ est un peu comme si passé les quelques semaines de cet evenement douloureux , elles se » devaient » de reprendre leur vie , leurs projets , comme avant.
L ‘ entourage est souvent mal à l ‘ aise face à ça et peut se montrer maladroit dans son désir d ‘ encouragement.
Beaucoup m’ ont confié en thérapie vivrent extrêmement mal les remarques du type
» je sais que c’ est dur , mais vous en aurez un d ‘enfant . C est pas comme si on t avait dit que tu ne pourrais plus en avoir «
Ou encore » dit toi que plus vite tu retrouveras ta forme , plus vite tu auras de chance de retomber enceinte «
Etc etc….
Toutes ces phrases qui se veulent encourageantes , il faut absolument les éviter.
La femme, le couple , a l ‘ impression que cet evenement qu ils vivent avec une telle intensité douloureuse , est banalisé par les autres.
Ça ajoute à leur colère, aux sentiments d ‘ injustice et à leur difficulté d ‘ en parler.
Au contraire , il faut les laisser s ‘ exprimer en acceptant que vous ne pouvez rien faire d ‘ autre que les laisser exprimer leur peine , leur colere et leur assurer de votre présence et votre écoute.
La fausse couche est un deuil.
La femme a été enceinte.
Le couple a attendu un enfant.
Et l ‘ enfant n ‘ est pas né.
Ils ne sont pas devenu parents.
Les conséquences psychologiques d ‘ une fausse couche ne sont pas anodines.
Il ne faut pas hésiter à consulter un psychologue .
D ‘ autant plus quand cela impacte la grossesse suivante.
Le couple dont la femme a vécu une fausse couche risque d ‘ être extrêmement angoissé lors d une grossesse suivante.
Il est conseillé de ne pas rester seul face à ces angoisses légitimes.
Souvent , 3 ,4 ou 5 séances suffisent pour débloquer la situation ou vivre mieux .
Je me souviens d ‘ une patiente qui arrive en consultation enceinte de 6 mois .
Elle me dit que c ‘ est sa deuxième grossesse.
Qu’ ‘ à la première, elle a fait une fausse couche au milieu du 3eme mois .
9 mois après, elle était à nouveau enceinte.
Mais en pleur , elle m ‘ explique qu’ elle ne parvient pas à vivre cette grossesse sereinement et dans la joie.
Elle dit » tous les jours qui passent , je suis bouffée par l ‘ angoisse de perdre mon bébé.
Au début, mon mari était comme moi.
Mais dès le 4eme mois , il a soufflé. Depuis , il ne cesse de me répéter que tout va bien , que les médecins, les échos le confirment.
Du coup , même lui ne me comprend plus.
Et je sais que par mon attitude , je l ‘ empêche lui aussi d ‘ être tout joyeux.
A la fois je lui en veux de ne pas me comprendre et à la fois je m ‘ en veux à moi même de ne pas être capable comme lui de penser positivement. « .
La peur , l ‘ angoisse sont normales.
C ‘ est la raison pour laquelle , il faut en parler entre conjoint , à son entourage.
Mais si elle est trop prenante , trop présente et occulte trop de choses , il faut consulter un professionnel.
Dans le cas de celle que je vais nommer Annie , la patiente enceinte de 6 mois, la première séance, elle a surtout parler de sa première grossesse.
Du choc émotionnel de la fausse couche.
Annie disait d ‘ ailleurs » mon drame « .
Elle a aussi exprimer sa colère toujours très présente.
Pourquoi à elle ?
Elle a aussi évoqué sa culpabilité. Elle se reprochait de ne pas avoir regroupé ses déplacements professionnels.
Après cette première séance oû Annie avait mis à plat beaucoup de choses concernant la fausse couche, elle me dira être rentrée chez elle « mieux » .
Le soir même, elle provoqua une discussion apaisé avec son mari .
Lui aussi lui a exprimé des choses sur ce qu’ il avait pensé , vécu, ressenti.
Il a également été abasourdi d ‘ apprendre que sa femme se reprochait ses trajets en voiture .
Il aura fallu encore 4 séances à Annie pour enfin » vivre » cette grossesse.
Mais à la dernière séance, elle est arrivée radieuse me racontant qu’ ils avaient choisi ensemble et dans la joie et la complicité amoureuse le prénom du petit garçon qu’ elle portait.
A ma question : pourquoi dites vous ensemble ?
Elle m ‘ expliqua que son mari lui avait demandé dès le début du 6 ème mois de réfléchir ensemble au prénom.
Elle lui avait répondu dans un premier temps que c ‘ était prématuré. Que tout pouvait encore arrivé.
Mais devant son insistance à lui , elle lui avait proposé de choisir lui même le prénom et de le lui annoncer le jour où Il l a conduirait accoucher .
Pourquoi cet exemple ?
Cet exemple afin de vous montrer à quel point une fausse couche peut être douloureuse et traumatisante et à quel point elle peut impacter durablement la vie de la femme et du couple.
Pour vous montrer aussi la nécessité d ‘ en parler et de ne pas hésiter à consulter.
Je vais à présent vous exposer brièvement le cas de celle que je vais appeler Laurence.
Laurence est arrivée à mon cabinet 1 an après avoir fait une fausse couche.
Laurence a 37 ans quant elle consulte.
Elle dit avoir choisi de vivre une vie « égoïste » avant sa rencontre avec Pierre.
Elle dit avoir fait des études puis obtenu un bon poste et avoir pu sortir , beaucoup voyager.
Il y a 3 ans , elle rencontre Pierre.
Ils vivent ensemble et ont un projet d ‘ enfant.
Laurence dit » j’ étais prête. Super prête et enthousiaste « .
Elle est enceinte rapidement.
Ils font très tôt des projets de rénovations de la maison Pour mieux accueillir l ‘ enfant .
Mais à la fin du 2eme mois, Laurence fait une fausse couche.
Pierre partage avec elle cette peine et cette déception.
Mais Laurence veut en connaître la ou les causes.
Le médecin lui explique qu’ il n y a pas vraiment de causes expliquant sa fausse couche et se montre rassurant sur sa capacité physique à devenir mère une prochaine fois.
Mais dès lors , Laurence va vivre avec la culpabilité » d ‘ avoir trop fait la fête avant , d ‘ avoir été trop égoïste d ‘ attendre 36 ans etc etc …. ».
En même temps tourne en boucle des questions du genre » et si je n ‘ arrivais jamais à avoir d ‘ enfant . Etc … ».
Elle dit » je n’ arrive plus à profiter de rien .
Je suis soit énervée soit triste.
Avec mon compagnon , on s ‘engueule tout le temps. »
Bien évidemment leur vie sexuelle en était aussi lourdement impacté.
Avec Laurence, il a fallu le temps de lui laisser exprimer sa rancoeur , sa colère.
Sa colère envers elle même aussi.
Envers son compagnon qu’ elle accusait » d avoir vite rebondi , lui ! »
Il a fallu travailler sur sa culpabilité.
Mais aussi sur sa confiance en sa capacité de devenir mère.
Et quelques autres choses encore…..
Laurence est venue me consulter 6 mois .
L ‘ hiver d ‘ après, elle m ‘ a téléphoné pour me dire qu’elle était enceinte de 4 mois .
Qu’ elle vivait bien sa grossesse.
En résumé.
Oui , la fausse couche est un deuil pour le couple.
Oui , la fausse couche est psychiquement lourd et douloureux .
Oui , la fausse couche est une épreuve pour le couple .
Mais oui , on peut la surmonter.
Oui , une aide psychologique est parfois nécessaire voir indispensable selon les cas.
Chantal Sorange.
Psychologue. Psychoterapeute.